Les abdominaux saillants, ou tablettes de chocolat, sont souvent présentés comme le summum de la forme physique et de la masculinité. Que ce soit dans les films, les magazines ou les réseaux sociaux, cette image est constamment véhiculée. Récemment, ils sont de plus en plus mis en avant par des coachs sportifs s'adressant à des entrepreneurs et indépendants de plus de 40-50 ans. Comme ceux-ci constituent l'essentiel de mes élèves, j'ai décidé de me pencher sur les coûts et les enjeux réels qui se cachent derrière cette quête esthétique.

Pour obtenir ces abdominaux saillants, il faut perdre la graisse qui les cache. En effet, c'est le point qu'on a tendance à ignorer : tout le monde a des abdos ! Mais nous sommes nombreux à avoir une couche de graisse qui les cache. Or, nous ne sommes pas tous égaux quand il s'agit de perdre la bonne quantité de graisse au bon endroit pour faire apparaitre les carrés de chocolat.

il existe une composante génétique influençant la répartition de la graisse dans notre corps et la disposition de nos abdominaux, rendant leur apparition plus ou moins facile selon les individus.
Certains à 15% de graisse corporelle les auront visibles, tandis que d'autres devront descendre en dessous de 10, 8, voire 6%. La génétique joue un rôle et cela crée un message trompeur.

La génétique : un facteur déterminant

Tout d'abord, il est essentiel de comprendre que la visibilité des abdominaux saillants dépend en grande partie de la génétique de chacun. En effet, selon la répartition de la graisse dans notre corps, la longueur de notre torse et même la disposition de nos abdominaux, il sera plus ou moins facile d'afficher des tablettes de chocolat. Ainsi, certains devront descendre à des pourcentages de graisse très bas (parfois inférieurs à 10%) pour obtenir ce résultat, tandis que d'autres y parviendront plus facilement. Il y a même des gens chez qui on commence à discerner les abdos alors qu'ils ont près de 20% de gras !

Deux personnes qui font les mêmes efforts et obtiennent les mêmes résultats en composition corporelle n'auront donc pas le même résultat esthétique.

Le coût externe : des contraintes importantes

Au-delà de la génétique, la quête des abdominaux saillants implique des contraintes importantes.

Pour atteindre et maintenir un taux de graisse corporelle suffisamment bas, il est souvent nécessaire de suivre un régime privatif et de s'imposer des restrictions alimentaires. Cela implique de renoncer à certains plats, de limiter les sorties au restaurant ou encore de réduire sa consommation d'alcool.

Ces contraintes peuvent être acceptables pour une période limitée, dans le cadre d'un objectif précis, telle qu'une compétition ou même une séance photo. Mais elles ne sont pas compatibles avec une vie sociale épanouie et un équilibre global. Pour parvenir à des abdos visibles, adopter de bonnes habitudes alimentaires et sportives peut suffire. Pour obtenir les abdos saillants, il va falloir faire des efforts supplémentaires. Cela signifie se priver. On va entrer dans le régime privatif et l'entrainement intensif. Cela peut être adapté pour une période limitée mais n'est pas tenable à long terme.

De manière générale, un bon taus de masse grasse pour un homme, c'est entre 10 et 20%. La fourchette est large. Au-delà de 20%, c'est bien de perdre un peu de gras. Entre 10 et 15%, on est dans le domaine athlétique. En-dessous de 10%, on rentre dans le haut niveau ou dans une recherche esthétique qui prend le pas sur la santé et la performance. Les femmes ont en général un taux de masse grasse un peu plus élevé. On pourrait rajouter 5% par rapport aux hommes.

En dessous de 5% de masse grasse, ça devient un problème. Atteindre ce résultat a un coût interne.

Le coût interne : des conséquences sur la santé

En plus des contraintes externes, la quête des abdominaux saillants peut avoir des conséquences sur la santé. Un taux de graisse corporelle trop bas peut entraîner des dérèglements hormonaux, des problèmes digestifs et une baisse des défenses immunitaires. Cela peut être du en partie au manque de graisse dans l'organisme. Mais c'est aussi du aux choix que le corps doit faire.

Toute adaptation a un coût. Pour atteindre et maintenir un tel niveau de gras, il faut limiter les apports énergétiques et augmenter les dépenses au-delà de ce qui est raisonnable. Le corps a un nombre limité de ressources, et c'est accentué par la contrainte qu'on lui rajoute. Il doit faire des choix. Il va devoir privilégier les fonctions indispensables à la survie à court terme et faire l'impasse sur de plus en plus de fonctions de vie à long terme ou de confort. Les sportifs de haut niveau, par exemple, sont souvent plus sujets aux maladies lorsqu'ils sont en période d'entrainement intense, car leur organisme est soumis à rude épreuve pour maintenir leur performance et leur physique et doit sacrifier le bon fonctionnement du système immunitaire.

Les abdominaux saillants : un marqueur de santé trompeur

Comme on le voit, et contrairement aux idées reçues, les abdominaux saillants ne sont pas un marqueur de santé fiable.

En effet, il est tout à fait possible d'être en bonne santé et d'avoir un pourcentage de graisse corporelle raisonnable sans pour autant afficher des tablettes de chocolat. Pour un homme, un taux de graisse corporelle situé entre 10 et 20% est considéré comme sain et compatible avec une bonne performance physique.Pour une femme, on se situera entre 15 et 25%. Aller au delà de ces valeurs, c'est emmagasiner plus de graisses que nécessaire, et c'est plutôt une bonne idée de chercher à le réduire. Mais aller en-deçà peut être aussi néfaste. En plus des contraintes et efforts que cela demande, on peut y sacrifier sa santé.

En somme, la quête des abdominaux saillants n'est pas sans conséquences. Il est important de prendre en compte les coûts et les enjeux réels qui se cachent derrière cette tendance.

Plutôt que de se focaliser sur l'apparence, il est préférable de chercher à adopter un mode de vie sain et équilibré, qui permettra d'améliorer sa santé, sa longévité et sa performance globale. A titre personnel, mon approche consiste à accompagner mes élèves vers une forme durable et adaptée à leurs besoins et contraintes, sans tomber dans le piège des diktats esthétiques. Elle est axée sur la longévité et le bien-être. Ils cherchent à être en forme pour profiter d'une meilleure santé et fonctionner correctement le plus longtemps possible.

Les abdos saillants ne sont pas un objectif essentiel pour atteindre cette forme durable.

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About the author 

Jean-Francois Lopez

Jean-François "jef" Lopez accompagne depuis 2016 des cadres et dirigeants occupés sur le chemin de la forme durable.
Ancien sportif autour de la vingtaine, devenu gros, faible et complètement hors de forme autour de la trentaine, Jean-François a décidé de réagir et de retrouver la forme.
Lors de cette quête, il a été amené à changer son approche de la remise en forme.
De nombreuses rencontres avec les meilleurs instructeurs de la planète, dont Pavel Tsatsouline, l'ont en effet convaincu que le paradigme de la souffrance et de l'effort démesuré n'était pas le plus adapté pour durer. C'est comme cela qu'est né le concept de "forme durable".
En plus de son expérience personnelle, Il se forme continuellement, et est ainsi devenu instructeur certifié StrongFirst Elite (SFG2, SFB, SFL), spécialiste du mouvement fonctionnel et de la souplesse (FMS2, FCS, YBT, Flexible steel niveau 2), expert en respiration (instructeur avancé Oxygen advantage, praticien Buteyko) et coach en nutrition (PN).
Il est également détenteur d'une certification d'entraîneur personnel (ACE-PT, accrédité par la NCCA) et inscrit au registre européen des professionnels du sport EREPS.

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